I. Une femme engagée pour l’indépendance
Sanité Bélair, de son vrai nom Suzanne Bélair, naît vers 1781 à Verrettes, une localité de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti). Issue d’une famille affranchie, elle grandit dans un contexte colonial marqué par les tensions entre les colons français et les populations noires. En 1796 ou 1797, elle épouse Charles Bélair, un neveu de Toussaint Louverture, qui s’illustre rapidement dans la lutte pour l’indépendance de la colonie, ce billet de dix goudes édité en sa mémoire, montre que Sanité Belair, s’illustre elle aussi dans la lutte pour l’indépendance d’Haiti.
Très tôt, Sanité s’engage aux côtés de son mari dans la résistance contre les forces françaises envoyées par Napoléon Bonaparte en 1802 pour rétablir l’esclavage. Son mari, stratège brillant, devient rapidement général dans les forces révolutionnaires. Aux côtés de Charles, Sanité ne se contente pas d’être une simple épouse. Elle s’implique activement dans la lutte armée, devenant une figure influente du mouvement insurgé.

Sanité Belair, Illustration Chevelin Pierre 2025.
II. Une révolutionnaire et officière de l’armée de Toussaint- Louveture
Le courage et la détermination de l’officière Sanité Belair font d’elle une figure clé de la révolte. Elle mobilise les troupes, galvanise les combattants et participe activement aux combats menés dans les montagnes des Matheux, un bastion stratégique pour les insurgés. Son charisme et son audace lui valent une place de leader, certains la surnomment “l’âme de la conjuration”. Sanité ne recule devant rien pour défendre la liberté. Sa haine envers les colons, partagée avec son mari, la pousse parfois à des actes radicaux, comme l’exécution d’un jeune secrétaire blanc accusé d’espionnage. Son caractère fougueux et son franc-parler lui attirent aussi des inimitiés parmi les résistants, notamment avec le colonel Larose, qu’elle gifle après une altercation. Ces tensions internes fragilisent leur lutte contre les Français, qui disposent de ressources et d’une puissance militaire supérieures.
Les montagnes des Matheux représentées à l’arrière plan de cette planche, situées dans l’intérieur de Saint-Domingue, deviennent un bastion stratégique pour les insurgés. Ce terrain escarpé est idéal pour mener une guérilla contre les forces françaises.

Insurrection des esclaves noires de Saint-Domingue (Actuelle République Dominicaine) contre les colons blancs. Le 22 août 1791. 71ème tableau, planche 5 de la Galerie Historique ou Tableaux des événements de la Révolution française (1795-1799). | Paris Musées. (s. d.).

Le rôle de l’officière dans l’insurection
- Mobilisation des forces locales : Sanité, par son charisme et sa détermination, inspire les combattants. Elle joue un rôle clé dans le ralliement des esclaves en fuite à la cause rebelle.
- Logistique et soutien moral : Elle veille à la coordination des efforts, soutenant à la fois son mari et les troupes. Sa présence renforce la motivation des insurgés dans un environnement particulièrement hostile.
- Participation aux combats : Bien que les sources divergent sur l’étendue de son implication armée, Sanité aurait participé directement à certaines escarmouches.
La Bataille de Saint-Domingue, huile sur toile de Janvier Suchodolski, 1845, Musée de l’Armée polonaise, Varsovie.
III. Une fin tragique et marquante

Sanité ne recule devant rien pour défendre la liberté. Sa haine envers les colons, partagée avec son mari, la pousse parfois à des actes radicaux, comme l’exécution d’un jeune secrétaire blanc accusé d’espionnage. Son caractère fougueux et son franc-parler lui attirent aussi des inimitiés parmi les résistants, notamment avec le colonel Larose, qu’elle gifle après une altercation. Ces tensions internes fragilisent leur lutte contre les Français, qui disposent de ressources et d’une puissance militaire supérieures. Alors que la guerre d’indépendance s’intensifie, Sanité et Charles Bélair subissent de lourdes pertes. En 1802, après une attaque surprise menée par Faustin Répussard, Sanité est capturée. Ne supportant pas l’idée de la laisser seule entre les mains de l’ennemi, Charles se rend à son tour. Tous deux sont livrés à Jean-Jacques Dessalines, alors allié aux Français, puis transférés aux autorités coloniales dirigées par le général Leclerc.
Le verdict tombe rapidement : Charles est condamné à la fusillade, tandis que Sanité doit être décapitée. Refusant cette sentence déshonorante, elle exige de mourir en soldat. Son courage force l’admiration, même parmi ses bourreaux. Le 5 octobre 1802, alors qu’elle s’apprête à être exécutée, elle refuse qu’on lui bande les yeux et qu’on la courbe contre le billot. Devant son inébranlable détermination, l’officier chargé de l’exécution ordonne finalement qu’elle soit fusillée.
Haïti 10 Gourdes – Sanité Belair – Armoiries – 2004- economie.fr
“Dans l’après-midi du 13 Vendémiaire (5 Octobre ) Charles Bélair, ainsi que son épouse , fut conduit entre deux pelotons de soldais blancs , derrière le cimetière du Cap. […] Sannitte refusa de se laisser bander les yeux. Le bourreau, malgré ses efforts, ne put la courber contre le billot. L’officier qui commandait le détachement fut obligé de la faire fuSiller. La foule fut saisie d horreur à la vue de cette dernière exécution. Elle s’écoula silencieuse et émue”.
Extrait de Madiou, T. (1814-1884)). Histoire d’Haïti. Tome 2 / par Thomas Madiou fils, P.329
Aujourd’hui, Sanité Bélair est reconnue comme une héroïne de l’indépendance haïtienne. Son engagement, sa force et son refus de se soumettre incarnent la lutte des femmes dans un combat dominé par les hommes. Son sacrifice reste un symbole puissant de la résistance face à l’oppression coloniale, et son nom demeure gravé dans l’histoire d’Haïti comme celui d’une femme libre et intrépide. En son honneur, Haiti à décidé d’édité ce billet durant le bicentenaire de la révolution.