Marie-Jeanne Lamartinière

Marie-Jeanne Lamartinière

I. Une héroine de la Révolution haïtienne

Marie-Jeanne Lamartinière est une héroïne de la Révolution haïtienne, esclave rebelle elle est connue pour son courage et son engagement sur le champ de bataille. Metisse, historiquement considérée comme une “mulâtresse” de naissance, épouse Louis Daure Lamartinière, chef de brigade commandant la garnison du fort de la Crête à Pierrot. Le terme “mulâtresse” désigne une femme née d’un parent blanc et d’un parent noir. Dans la société coloniale de Saint-Domingue, les mulâtres occupent une position sociale intermédiaire entre les Blancs et les Noirs esclaves. Certains mulâtres bénéficient d’une relative liberté et de privilèges économiques, mais ils restent souvent marginalisés et privés des mêmes droits que les colons blancs. Pendant la Révolution haïtienne, de nombreux mulâtres rejoignent la lutte pour l’indépendance afin de défendre leurs droits.

En 1802, alors que les troupes françaises de Napoléon tentent de rétablir l’esclavage à Saint-Domingue, Marie-Jeanne Lamartinière joue un rôle clé dans la défense du fort de la crête de Pierrot.

Marie-Jeanne Lamartinière, Illustration Chevelin Pierre 2025.

II. Une combattante respectée

Marie- Jeanne Lamartinière est un soldat comme les autres sur le champs de bataille. Vêtue d’un costume inspiré des mamelouks, elle se bat avec un fusil en bandoulière et un sabre d’abordage. Durant la bataille de Crête a Pierrot, elle distribue des munitions, recharge les canons et se jette au premier rang des combats, impressionnant les fantassins français par sa bravoure. Son énergie et sa détermination galvanisent les troupes haïtiennes, lui conférant un statut de combattante à part entière dans l’armée révolutionnaire.

Le costume inspiré des mamelouks que portait Marie-Jeanne faisait référence aux tenues des cavaliers mamelouks, des guerriers d’élite originaires d’Égypte qui servaient dans l’armée napoléonienne après la campagne d’Égypte (1798-1801). Le choix de Marie-Jeanne de porter une telle tenue traduisait donc son engagement total dans la lutte armée et son refus des conventions sociales assignées aux femmes à l’époque !

La bataille de la Crête à Pierrot constitue un moment clé de son engagement militaire. Sous le feu nourri des Français, elle traverse les lignes ennemies pour ravitailler les soldats en munitions et en nourriture. Elle encourage les hommes à tenir bon face à l’ennemi et prend parfois la tête des attaques pour montrer l’exemple.

Combat et prise de la Crête-à-Pierrot (4 – 24 mars1802), 1839, illustration originale de Auguste Raffet, gravure de Hébert

Une tenue pour défier l’autorité

Les tenues des mamelouks étaient souvent composés d’un pantalon bouffant, d’une tunique cintrée et d’un turban ou d’un couvre-chef distinctif. Dans le contexte de la Révolution haïtienne, ce type de vêtement symbolisait non seulement la bravoure et l’exotisme militaire, mais aussi une forme de défi aux troupes françaises, qui avaient intégré les mamelouks dans leurs propres rangs.

Un Mameluk, 1825, Litographie de Louis Dupré, in Voyages à Athènes et à Constantinople, gri_33125008241727, Domaine public.

III. Un héritage puissant

Après la soumission de Toussaint Louverture, son mari est promu colonel par Rochambeau, mais il est rapidement exécuté sous l’accusation de trahison. Veuve, Marie-Jeanne se place sous la protection de Jean-Jacques Dessalines, dont elle devient la maîtresse. Elle poursuit son engagement dans la révolution et assiste Dessalines dans ses campagnes militaires. Plus tard, elle entretient une relation avec l’officier Jean-Louis Larose, continuant à évoluer au sein des cercles stratégiques de la rébellion haïtienne. Son héritage demeure puissant : son nom est immortalisé par la Grotte Marie-Jeanne à Port-à-Piment, et son rôle dans la Révolution haïtienne reste un symbole de la détermination des femmes dans la lutte pour la liberté. Figure emblématique de l’histoire d’Haïti, elle incarne la force et le courage des combattantes révolutionnaires. Sa mémoire continue d’inspirer ceux qui se battent pour la justice et l’indépendance, et son histoire demeure un témoignage vivant du rôle crucial des femmes dans les grandes révolutions du monde.

Timbre Haitien- 50 centinmes de goudes- 1954

Pièce de 100 goudes- 1967

Extrait de Madiou, T. (1814-1884)). Histoire d’Haïti. Tome 2 / par Thomas Madiou fils, P.273